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Dernière actu pour les fans : Harcèlement sexuel. Le patron des Ducs d’Angers poussé vers la sortie, l’avocat Alain Fouquet réagit

A mentionner, cet article sur le web dont la thématique est « la justice » et qui va vous intéresser.

Son titre saisissant (Harcèlement sexuel. Le patron des Ducs d’Angers poussé vers la sortie, l’avocat Alain Fouquet réagit) est évocateur.

Identifié sous la signature «d’anonymat
», le rédacteur est connu et fiable pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur internet.

L’encart a été diffusé à une date indiquée 2023-03-05 00:15:00.

Condamné le 12 avril 2018 en première instance par le Conseil des prud’hommes d’Angers, Michaël Juret avait fait appel, au nom de sa société Prim’Habitat, des faits de harcèlement sexuel qui lui étaient reprochés. La cour d’appel avait confirmé, en septembre 2021, la condamnation. Les faits reprochés à Michaël Juret remontaient à l’automne 2016 et avaient été dénoncés par une de ses anciennes aides-comptables de sa société de maîtrise d’œuvre Prim’Habitat. L’employeur condamné est bien connu à Angers pour être par ailleurs le président du club professionnel de hockey sur glace des Ducs d’Angers. Le gérant avait formé un pourvoi en cassation fin 2021. Celui-ci a été rejeté mercredi 15 février par la Cour. Poussé ensuite vers la sortie par les collectivités locales, Michaël Juret a présenté sa démission du poste de président du club des Ducs d’Angers, jeudi 2 mars.

Mickaël Juret, l’ancien président des Ducs d’Angers. | ARCHIVES CO

Ces événements ont fait réagir l’avocat et ancien élu municipal d’Angers (il fut adjoint au maire à la Culture) Alain Fouquet qui tient un discours différent des élus. Voici la tribune qu’il a fait parvenir au Courrier de l’Ouest.

« Michaël Juret a commis une faute doublement critique »

Sans parler du préjudice pour la victime, M. Michaël Juret a commis une faute doublement critique ! D’abord cette faute s’inscrit dans l’un des plus grands chantiers, social, politique, juridique et culturel contemporain : la conquête de cette nouvelle frontière ouvrant sur l’égalité de droits entre les femmes et les hommes, et le respect des droits des femmes, à commencer par celui d’être respectées.

Cet enjeu, c’est aussi celui du rapport à l’intime dans nos sociétés modernes. En outre, depuis l’origine des temps, la notoriété accroît la responsabilité et oblige de plus fort à l’exemplarité. Au-delà de l’idée que chacune et chacun a le droit de s’en faire, la faute de M. Juret ne pouvait donc que susciter diverses réponses, celle du militant, pour la dénoncer, celle du politique pour la traiter et celle du juge pour la juger.

Deux choses ont brouillé la portée de ces réponses. La justice n’a pas rendu une copie bien lisible : beaucoup de temps, pas de condamnations personnelles, ni pénale ni prud’homale, à l’égard du mis en cause, et au final la condamnation purement civile d’une entreprise dont il est le dirigeant mais qui n’est pas la SA des Ducs d’Angers… de quoi nourrir avec une égale profusion le déni de l’intéressé, la colère du militant… et l’embarras du politique.

De son côté, par les voix, pour une fois à l’unisson, des majorités et minorités de la Région Pays de la Loire et de la Ville d’Angers, le politique a blâmé, lentement mais sûrement, les comportements sexistes du patron des Ducs.

Dès lors que ces comportements sont établis, on ne peut qu’approuver ce traitement politique, qui prend en compte les préjudices infligés aux victimes et à l’image des Collectivités.

« Le politique n’inflige-t-il pas une double peine ? »

Pourquoi ne pas s’en être tenues là, à cette place qui est la leur ? Car, plus surprenant est le merchandising autour des subventions aux Ducs, cash de la part de la Région, plus lifté du côté de la Ville :  Vous écartez votre dirigeant, sinon on vous coupe les subventions 

Cette position présente le mérite d’être directe, ce qui, pour autant, ne signe pas forcément une réflexion aboutie quant à la place du politique dans le traitement de ces affaires et quant à la représentation idéologique de la délinquance sexuelle et à la nature exacte de la sanction appliquée à cette délinquance.

Le politique s’est ainsi invité, bon gré mal gré, dans un interstice étroit, possiblement périlleux, entre justice et entreprise privée. En imposant implicitement mais nécessairement à la SA des Ducs d’Angers la mise à l’écart de son dirigeant, n’inflige-t-il pas à celui-ci une double peine, en sus de celle, pourtant définitive, prononcée par la justice ? Et donc de quel droit ? N’est-ce pas là un sérieux coup de canif dans la règle de la séparation des pouvoirs, au fondement de notre État de droit ? L’ordre moral est un poison pour la démocratie. Plus on y tend, plus on s’éloigne de l’éthique, de la référence à nos valeurs. Et parmi celles-ci figure au premier rang le strict respect des institutions et de leurs périmètres respectifs, assurément une garantie solide pour la défense des victimes, mais tout aussi nécessaire, pour l’exercice des droits de la défense.

Par ailleurs en s’immisçant ainsi dans l’administration d’une entreprise privée, le politique prend un risque en cas de déstabilisation de celle-ci. C’est là une lourde responsabilité, parce que si les victimes méritent toute l’attention de la Collectivité, il n’empêche que la Collectivité a besoin de tous les talents qui la font vivre et se développer, pour une large part dans l’intérêt des individus. Pas sûr à cet égard qu’ostraciser un dirigeant d’entreprise, voire, avec lui, son équipe, qui ont beaucoup donné pour le club, pour la Région et pour la Ville, soit pertinent dans la recherche de cet équilibre essentiel.

Une incitation énergique à mettre en œuvre des dispositifs hardis de diagnostic et de réformes pour promouvoir les droits des femmes, notamment au sein de ces entreprises phares, ne serait-elle pas davantage adaptée au sujet, et possiblement gagnantes/gagnantes ?

« Notre société n’est-elle pas malade de sexe ? »

Le Conseil d’administration des Ducs paraît vouloir s’y engager et c’est heureux. Reste pour finir un sujet qu’il faut bien aborder, ne serait-ce que parce qu’il est au cœur de cette affaire : notre société n’est-elle pas malade de sexe ?

À la surenchère des fantasmes et addictions répond celle d’une stigmatisation idéologique et d’une répression de la délinquance sexuelle qui pourrait vite dériver vers une forme de rite sacrificiel.

Nous déplorons le sort inique, hypocrite et lamentable, réservé dans les lieux carcéraux aux agresseurs sexuels par leurs codétenus. À y regarder de près, n’est-ce pas cette même mentalité qui est en train de ramper hors les murs des prisons.

L’adage  qui vole un œuf vole un bœuf  ​fut emblématique d’une société patriarcale, fondée sur le droit de propriété et qui fit des siècles durant un sort effroyable au voleur, quel que soit la mesure de son délit. À cette époque, les droits subjectifs ne pesaient pas lourd.

Comment l’émergence formidable et salutaire des droits du sujet à partir de la moitié du XXe, et le combat courageux pour la défense et le progrès des droits des femmes, pourraient-ils aujourd’hui, à bas bruit, construire, autour de la délinquance sexuelle, une telle dérive idéologique, gavée par la rumeur publique et indifférente à la personnalité et à la situation du délinquant et à l’exacte appréciation de la matérialité de ses actes.

Les aphorismes tels que  délinquant sexuel un jour, délinquant sexuel toujours ​, comme les solutions du type condamnation à une mort sociale plus ou moins larvée sont indignes de nos idéaux de liberté et de démocratie et minent le corps social comme les individus.

« Se méfier de tous les fantasmes d’exclusion »

Les droits que veulent légitimement les femmes ne dépassent-ils pas les limites de leur propre cause en invitant à reconsidérer les rapports humains et, parce que c’est là le présent sujet, à se méfier de tous les fantasmes d’exclusion ? C’est Me Gisèle Halimi qui disait que ce qu’il nous faut  c’est une révolution complète des mœurs, des esprits, des mentalités, un changement radical dans les rapports humains. 

Les intertitres sont ceux de la rédaction.

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