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Focus sur cet article : l’étonnant coup de poker de son avocat

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Dans le cadre de notre mandat de vous alerter, nous publions ci-dessous un texte vu sur internet ce jour. Le propos est «la justice».

Son titre (l’étonnant coup de poker de son avocat) est évocateur.

Sachez que le rédacteur (identifié sous la signature d’anonymat
) est positivement connu.

Vous pouvez donc donner du crédit à cette information.

Texte original :

Pour ceux qui en doutaient encore, la première journée du procès en appel de Nicolas Zepeda, ce lundi à Vesoul, l’a confirmé : sept ans jour pour jour après la funeste disparition de Narumi Kurosaki, l’accusé chilien reste campé sur ses positions.

Innocent dès décembre 2016. Innocent avant son extradition. Innocent lors de son premier procès. Innocent, même après sa condamnation à 28 ans de réclusion, en premièr instance, pour l’assassinat de l’étudiante japonaise.

Nicolas Zepeda affirme vivre « un cauchemar »

Nicolas Zepeda, vêtu sobrement d’une chemise à carreaux et d’un jean, a coupé court à tout fantasme dès l’ouverture des débats. « Je conteste avec toutes mes forces les faits reprochés », se lance-t-il dans un français coloré d’un accent. « Ce sont des accusations horribles. Ça a été un vrai cauchemar. Je pense à l’énorme chagrin de sa famille. » Assises à quelques mètres, la mère et les deux soeurs de l’étudiante disparue ne bronchent pas.

Un sanglot, puis deux se coincent dans sa gorge. « Je n’ai pas tué Narumi… J’espère que ce procès nous amènera au plus proche de la vérité. Cette vérité dont on a besoin, peut-être, pour retrouver Narumi ». Une vérité sur laquelle, en tout cas, se fracassent tous ceux qui tablent sur des aveux.

François Arnaud, président de la cour. Photo F. Lallemand

François Arnaud, président de la cour. Photo F. Lallemand

La mère de Narumi, soutenue par ses deux filles, sont toutes trois venues du Japon. Photo B. Grandjean

La mère de Narumi, soutenue par ses deux filles, sont toutes trois venues du Japon. Photo B. Grandjean

Etienne Manteaux, avocat général et voix de l'accusation. Photo F. Lallemand

Etienne Manteaux, avocat général et voix de l’accusation. Photo F. Lallemand

L'avocate de la famille Kurosaki a emmené des photos de Narumi. Photo F. Lallemand

L’avocate de la famille Kurosaki a emmené des photos de Narumi. Photo F. Lallemand

Côté parties civiles, Me Pichoff substitue son associé Me Schwerdorffer durant quelques jours. Photo F. Lallemand

Côté parties civiles, Me Pichoff substitue son associé Me Schwerdorffer durant quelques jours. Photo F. Lallemand

Beaucoup de larmes 

Cette première journée a été marquée par les témoignages des parents de Nicolas Zepeda et baignée de larmes, celles du père, de la mère, mais aussi de l’accusé, cramponné à son mouchoir, quand l’émotion le rattrapait. Tôt le matin, les avocats de la défense avaient prévenu. « Aux assises, rien ne se passe comme prévu », confiait Me Renaud Portejoie. Sans doute avait-il une idée derrière la tête…

Les murs de la salle d’audience se sont soudain rétractés, quand l’avocat a fait face à Humberto Zepeda. Yeux dans les yeux, Me Portejoie a secoué le père de son client, lui reprochant son attitude « d’avocat » qui ne fait que critiquer sans relâche l’enquête, au lieu d’évoquer la personnalité de son fils.

Me Portejoie hausse ensuite le ton pour demander à Humberto Zepeda s’il avait posé à Nicolas « la question que tout le monde ici se pose ». Celle de sa culpabilité.  « Que vous soyez un père convaincu de l’innocence de votre fils, c’est tellement légitime, mais vous avez le droit, un seul instant, de vous poser cette question… »  

« Et s’il était coupable ? »      

Humberto refuse de rentrer dans ce jeu. Une fois, deux fois, trois fois, le père esquive la main tendue, dont il se méfie : « Je connais tous les détails de ce dossier, ce n’est pas nécessaire que je le demande à mon fils ». Toute logique s’inverse. « Nicolas a été condamné en première instance… Durant ces années, il n’y a pas une seule seconde où la conviction absolue du père est évacuée ? Et s’il était coupable ? », relance sans gêne Renaud Portejoie. « Vous ne vous êtes jamais posé cette question ? »

Autour des deux hommes, le silence est assourdissant.

« Plusieurs fois… », cède le père dans un souffle, « et à chaque fois, les faits, les arguments, le dossier, m’ont prouvé son innocence ».

Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de réclusion, mais a fait appel de ce verdict. Photo d'archives ER

Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de réclusion, mais a fait appel de ce verdict. Photo d’archives ER

Me Portejoie avance sur un fil

L’avocat de la défense pense-t-il, comme d’autres, que toute la famille Zepeda est enfermée dans une prison de verre, celle du déni ? « Vous avez votre conviction mais elle ne correspond peut-être pas à la réalité… Il y en a qu’un qui sait ». Nicolas. Toujours et encore Nicolas. Renaud Portejoie va plus loin. « Imaginons qu’il soit coupable ». Sa phrase claque dans l’air saturé de la salle de cour d’assises.

Le pénaliste ose tout : « Si c’est le cas, qu’est-ce que vous avez envie de dire à ce gamin enfermé dans un mensonge depuis sept ans ? Vous avez envie de lui dire je t’aime malgré tout, nous serons toujours là… Vous avez envie de lui dire bravo ? » Humberto Zepeda est KO debout. « Je lui dirais ’’je t’aime, j’ai confiance en toi’’. Et que je ne le croirais plus si les faits me prouvent le contraire, mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas », articule difficilement le père Zepeda.

Vidéo. Le décryptage de Me Portejoie à l’issue de la première journée.


L’honneur de la famille en jeu ?

Leur mano a mano est d’une étonnante intensité. Nouvelle charge de la défense. « Certains imaginent que Nicolas serait coupable, mais incapable de le dire parce qu’il veut préserver l’image du fils, l’honneur de la famille, quitte à se suicider judiciairement… Est-ce l’honneur de la famille qui prévaut, ou l’avenir de Nicolas Zepeda ? »

Difficile de décrypter avec certitude la stratégie de Me Portejoie… Rendre cet homme d’apparence si froid plus humain, plus sensible, et ainsi « fermer la porte » à toute supposition sur l’emprise qu’il exercerait sur Nicolas Zepeda, comme l’avocat l’expliquera plus tard aux médias ? Ou briser le père, pour mieux libérer le fils  de son carcan de silence ? « Il ne s’agit pas de préserver mon image ou celui de la famille », maintient Humberto Zepeda.

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de preuve que Nicolas est innocent »

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de preuve que Nicolas est innocent. Vous avez dit ‘’la vérité, c’est ce que va décider la justice’’… La vérité judiciaire sera celle livrée par ces juges », clame théâtralement Me Portejoie en désignant le jury. Une pause. Puis d’une voix basse… « Et s’ils le condamnaient ? »

Dans la salle, la tension est maximale. Personne ne parle, personne ne bouge. « Alors, tout le monde saura qu’il y aura une injustice », conclut le père de Nicolas Zepeda. Son avocat lâche prise. « Merci Monsieur. »

Photo F. Lallemand

« Sans aucun espoir », la famille Kurosaki « vient pour honorer la mémoire de Narumi »

D’un pas lent, soutenue par ses deux filles, Taeko Kurosaki a pris place sur son banc de partie civile sans un mot. Vêtue de noir de la tête aux pieds, la mère de Narumi tient à dissimuler son visage par un masque médical et une capuche. Les trois Japonaises ont traversé le monde « pour une seule et unique raison », révèle leur avocate Me Galley : « Honorer la mémoire de Narumi ».
Les proches de l’étudiante « viennent sans aucun espoir, ni de révélation, ni de vérité de la part de Nicolas Zepeda. Ils en ont fait leur deuil. Entretenir cet espoir serait destructeur », poursuit la pénaliste, en décrivant une famille « extrêmement affectée et fragilisée » par un cruel hasard du calendrier. « Ce mardi, ça fera exactement sept ans que Narumi a été assassinée par Nicolas Zepeda », tranche sans sourciller Me Galley. « Ses proches passent habituellement ce temps dans le recueillement au Japon, très en retrait, très isolés ». Ce macabre anniversaire, cette fois, se partagera avec une salle d’audience bondée de journalistes et de curieux. Une épreuve supplémentaire.

Vidéo. Le film qui résume toute l’affaire (35 min)


Bibliographie :

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